Et voici comme promis, quelques étapes qui ont mené à l’illustration définitive, spécialement créée pour l’exposition « ce fameux livre », qui a eu lieu du 16 au 31 octobre 2015, à la médiathèque Françoise Sagan, à Paris. Les dessous de la création vont sont ici totalement dévoilés (petits fripons).
Au début, on aura griffonné une image qui ressemblait à « pas grand-chose ». Oui, les illustrations commencent souvent comme ça, savez-vous? Par des gribouillis informes sur un coin de cahier. Mais on savait déjà que le chaperon aurait une attitude toute soviétique…
Ensuite, on a soigné le dessin du chaperon sur un calque, tout en pensant à la façon de représenter les machines et les outils dans les livres soviétiques des années 20-30 (La bobinette-chevillette s’en inspirerait). On a calé quelques lettres, de façon aléatoire, car on ne savait pas encore ce qu’elles crieraient (les illustrations russes parlent toujours fort). On mettrait aussi des petits signes de ponctuation. Ce serait dynamique, et les lignes de composition seraient fortes.
On est parti dans quelques essais, avec des petits collages ; il y avait des bouts de papiers et de scotch partout. Cela devint ensuite limpide : la typographie reprendrait la fameuse phrase-phare de l’histoire « Tire la bobinette et la chevillette cherra ». Sauf qu’en fait – catastrophe – dans le conte original de Perrault, on tire d’abord une chevillette, qui fait ensuite choir la bobinette, bien sûr. Cette impardonnable inexactitude sera fort heureusement corrigée plus tard (ouf).
Puis vinrent : un essai à la verticale, l’ajout d’un premier loup, une mise en couleur sommaire…
Et comme la chevillette-bobinette ressemblait un peu à une mitraillette, on s’est demandé s’il ne fallait pas rajouter une porte. Le loup se métamorphosa une dernière fois, il devint plus dynamique, trottinant dans un mouvement ondulatoire… Et voici où s’arrêta l’esquisse finale :
Il n’y avait plus alors qu’à fabriquer des plaques de lino qui permettraient de passer de l’esquisse à la gravure finale. Mais ça, ce fut une autre histoire…